Werner Kortenhaus , radio à la 21° Panzer Division (General Feuchtinger – Groupe de Combat Von Luck)- 22° régiment Blindé – 4° Compagnie, témoigne :
Depuis minuit déjà, les forces aériennes alliées avaient commencé à bombarder, dans un grondement de tonnerre, les bases de 716ème division d’Infanterie sur la côte et les batteries de Ouistréham, Riva-Bella ainsi que celle de Merville.
La 2ème compagnie de chasseurs de chars fut détruite sur ses bases mêmes et la batterie de Rive-Bella fortement endommagée.
A partir de 02h20, il y eut aussi des bombardements sur Caen. Le ciel au-dessus de la ville fut bientôt rougeoyant et ses bombardements étaient le commencement de la destruction de ce qui fut autrefois une belle ville normande.
Dans la région de l’Orne, on pouvait observer dans le ciel, en très grand nombre, des « arbres de Noël » colorés (des fusées éclairantes à parachute), et cette fois pas seulement de la couleur violet-rouge utilisée pour le marquage des cibles à bombarder, comme on avait pu souvent l’observer auparavant, mais accompagnés d’étoiles lumineuses d’un vert blanchâtre. Et ça ne s’était jamais vu jusque-là.
A Hérouvillette, combattait un groupe du 716ème bataillon de sapeurs.
Réaction des forces de l’AXE
A 01h47, le commandement de division de la 716e D.I ordonna un tir de barrage prévu dans un tel cas, par la 716ème Régiment d’Artillerie.
A 02h05, on envoya deux sections de la 1ère compagnie de chasseurs de chars de Bieville avec pour mission d’assainir la situation au niveau du pont du canal de l’Orne à Bénouville.
Dès 02h30, les chasseurs de chars eurent leur premier contact à l’embranchement de la rue Caen-Ouistreham et de celle qui mène au pont. Le véhicule blindé qui roulait en tête fut détruit par un PIAT (équivalent anglais de notre » panzerfaust »).
Le chef de la 1ère compagnie fit une sortie qui s’acheva par un repli de groupe.
Le 192ème régiment de grenadiers blindés qui se trouvait à l’ouest de l’Orne, Major Zippe, de la 21ème division blindée fut mis en alerte à 02h00 et, à 02h45, placé sous les ordres du commandant du 736ème R.I, le Lieutenant-Colonel Krug.
Ce régiment fut renforcé par la 989ème section d’artillerie lourde et des éléments de la 716ème et reçu l’ordre de s’unir à un groupe de combat et de libérer à nouveau les ponts de Bénouville pour ensuite percer jusqu’à Ranville.
A peu près au même moment, le 7ème bataillon britannique de parachutistes qui avait atterri à l’est de l’Orne arriva au pont, constituant un premier renfort substantiel qui commença à prendre position à Bénouville et au port.
A 03h10, le 192ème régiment de grenadiers, Lieutenant-Colonel Braatz, arriva à Cairon en direction de Bénouville.
Pendant ce temps, à 03h20, la troisième de la 6ème Division Aéroportée britannique, 68 planeurs-cargos Horsa atterrirent dans la campagne à l’est de Ranville. Ils apportaient des armes lourdes, des canons de 6 pounds anti-aériens et anti-chars mais aussi des canons 17 pounds très dangereux pour tous les blindés allemands.
L’attaquant se renforçait avec l’arrivée de corps de la 286ème compagnie Field, du 591ème escadrons de parachutistes et de sapeurs.
Lors de cette troisième vague, le général Gale, commandant la 6e D.A
et son état major atterrirent et prirent leur P.C à Ranville.
Le général Gale renforçait à présent le front sud de la tête de pont qui se formait s’attendant à cet endroit à l’attaque de la 21ème panzer division.
Vers 04h00 notre groupe de combat atteignit Bénouville et s’infiltra dans le parc qui courrait le long de l’Orne. Le bord du parc envahi de buissons et d’arbres descendait abruptement vers l’Orne.
En essayant de s’infiltrer dans Bénouville, les grenadiers se heurtèrent à la résistance inflexible du 7ème bataille britannique de parachutistes qui se renforçait constamment.
Les combattants se trouvaient très proches les uns des autres ce qui présenta l’avantage d’écarter le danger de tirs d’artillerie et de bombardements par l’ennemi.
Notre groupe de combat 192ème régiment de grenadiers de la 8ème compagnie blindée suisse réussit à sortir du parc en combattant avec des grenades et des canons anti-chars de 75 sur des affûts roulants.
Une percée dans Bénouville et la poussée jusqu’au pont échoua en raison de la résistance coriace des commandos.
Les grenadiers attendaient l’arrivée de leurs propres blindés, avec l’appui desquels ils espéraient faire une percée jusqu’au pont.
Pendant ce temps, le 22ème régiment de blindés attendait au nord et à l’est de Falaise l’ordre d’entrer en action. Le jour allait bientôt venir et avec lui s’en serait fini de la protection qu’offrait l’obscurité de la nuit pour la marche de 30 km vers le nord. De temps en temps, les conducteurs de chars faisaient chauffer les moteurs de leurs blindés.
Pourquoi l’ordre de se mettre en marche n’arrivait-il pas ?
Si cela avait été le cas, les compagnies de blindés auraient pu dans la nuit, à raison d’une vitesse de 15km/h, se trouver à la tête des ponts de l’Orne en 3 heures.
La batterie de Merville :
juste à l’est de l’embouchure de l’Orne, dans le petit village de Merville, se trouvait les quatre canons tchèques de 100 datant de 1916 tenus par le 716ème R.A. Cette batterie abritée avait la charge d’empêcher une entrée de navires ennemis dans le canal de l’Orne. Elle parut dangereuse aux alliés, parce qu’elle pouvait mitrailler la plage du secteur Sword. Le danger leur semblait d’autant plus grand qu’ils supposaient à tort que cette batterie se composait de canons de 150.
Pour cette raison les planeurs alliés avaient prévu de s’emparer et de détruire cette batterie après une attaque soigneusement préparée. Dès sa construction des avions de reconnaissance alliés en surveillèrent les travaux.
Dès la nuit du 09 au 10 mai, 56 Lancaster lâchèrent sur la batterie un millier de bombes parmi lesquelles deux seulement touchèrent le bunker n°4 sans même réussir à le traverser.